L’Édition 2025 du Symposium International « Le Management public à l’épreuve des réseaux » est organisée par l’EDC Paris Business School en collaboration avec l’École nationale d’administration publique et l’ADIMAP.
Appel à communications 2025
Quel est le mode d’organisation universel dans l’histoire de l’humanité ? Il s’agit du réseau, une forme d’organisation fondée sur une idée essentielle : la fédération d’individus libres et solidaires pour nouer des coopérations dans un climat de confiance. À l’intérieur des frontières de la solidarité, chacun défend son intérêt propre tout en prenant en considération celui des autres. Ainsi, le réseau n’obéit ni à une logique du chacun pour soi, ni à une logique du chacun pour tous (Powell 1990), mais à un savant équilibre entre l’égocentrisme et l’altruisme.
Durant l’antiquité, Aristote (384-322 av. J.-C.) confirme que l’homme est un animal social dont l’existence est conditionnée par son implication au service d’un collectif incarné par une communauté, une ville, une cité : « …la cité fait partie des choses naturelles et l’homme est par nature un animal politique, et que celui qui est hors cité, naturellement bien sûr et non par le hasard des circonstances, est soit un être dégradé soit un être surhumain, et il est comme celui qui est injurié en ces termes par Homère : sans lignage, sans loi, sans foyer.”
Depuis l’Antiquité, les fondements philosophiques de la vie en collectivité n’ont pas changé. Pour répondre au besoin d’exister, l’homme éprouve le besoin grégaire de bâtir avec ses semblables des villes, des associations, des collectivités locales, des territoires ou des nations. Aujourd’hui, ces constructions sociales se déroulent sous l’égide d’institutions formelles, orientant la politique pour décider de l’avenir de la société, structurant l’administration pour mettre en place les règles, régulant l’économie pour créer et répartir les richesses. Est-ce la fin des réseaux ?
Les réseaux n’ont jamais cessé d’exister en dépit du poids considérable des institutions. Les réseaux correspondent toujours à des espaces de liberté et de communion. Certains réseaux obéissent à des règles de fonctionnement tacite (Oh, Chung, Labianca, 2004), expliquées par la théorie des conventions de Gomez (1997) ou par la logique de l’honneur de D’Iribarne (1989). D’autres réseaux ont adopté une forme plus institutionnelle à l’image des syndicats professionnels, des coopératives agricoles, des mutuelles de protection sociale, des associations corporatistes, des cercles philanthropiques, des clubs de citoyens, des communautés de consommateurs, des fondations familiales, etc.
Plus l’incertitude est grande, et plus il s’agit de réduire cette incertitude en cultivant des liens de confiance pour obtenir une recommandation, une information privilégiée, pour être coopté sur le plan professionnel (Kilduff, 1992). Face au caractère abstrait et parfois déshumanisé des institutions, les réseaux incarnent alors l’organisation à taille humaine par excellence, une société en miniature au sein de laquelle chacun se sent considéré dans le regard des autres. Cette tendance est particulièrement suivie par les nouvelles générations Y, Z, Millenials 2.0 qui sont nés avec le digital, et qui transgressent les codes de l’institution, avec les outils de communication à distance. Ils rejettent l’autorité et les pesanteurs hiérarchiques au travail. Ils souhaitent nouer des contacts directs, sans emprunter les circuits administratifs comportant de multiples strates intermédiaires. Par soucis d’autonomie, ils veulent que le management soit davantage tourné vers la confiance que le contrôle.
Dans cette mesure, ils attendent que l’institution soit davantage porteuse de sens, plus agile, plus ouverte, plus plate, plus égalitaire. Autrement-dit, les nouvelles générations souhaitent que les institutions publiques ou privées se transforment, et adoptent un fonctionnement horizontal et collaboratif, à l’image des réseaux sociaux sur Internet.
En effet, le besoin de reconnaissance sociale et d’appartenance se déroule à distance, sans intermédiaire et de façon dématérialisée, avec la transformation digitale. Dans ces conditions, il est nécessaire pour chacun d’être visible en permanence sur les réseaux sociaux, d’échanger régulièrement des informations, de nouer du lien social sur Internet, pour exister. Je communique donc je suis ! De surcroît, il ne suffit pas de communiquer pour exister, mais il convient également d’être reconnu, admiré pour certains, dans les groupes sociaux auxquels on appartient. Pour susciter l’empathie, il est alors fréquent de copier par réflexe le comportement du voisin, en pratiquant le mimétisme social (Galaskiewicz, Wasserman, 1989). Je copie donc je suis !
Quelles sont les conséquences de ce changement de mode de vie ? La société change de nature. Fondée traditionnellement sur des institutions désincarnées, obéissant à des règles normatives mises en œuvre par une autorité verticale, la société devient plus horizontale (Assens 2021). Le maillage social se noue dans des réseaux sociaux, au sein desquels chacun se sent à la fois libre et complémentaire des autres, sur un pied d’égalité.
Dès lors, nous assistons à une (r)évolution inexorable de la société, au sein de laquelle les réseaux tendent à remplacer, à concurrencer et/ou à compléter les institutions publiques dans la défense de l’intérêt général : dans le domaine politique où les réseaux sociaux nourrissent la « démocratie d’opinion » en contournant la représentation des élus ; dans la strate des corps intermédiaires comme les syndicats dépassés en popularité par les pétitions en ligne et les manifestations spontanées ; dans les collectivités locales regroupées dans les réseaux interterritoriaux horizontaux (comme les réseaux de villes) ou verticaux (comme les réseaux de communes associés aux régions) pour gagner en efficience au-delà des clivages partisans (Laumann, 1966) et pour gagner la bataille de l’attractivité dans la concurrence entre territoires ; dans la stratégie de l’État-Nation obligé de collaborer avec d’autres États pour atteindre la taille critique mondiale dans un réseau de souveraineté « supra nationale » comme en Europe ; dans l’administration publique qui doit gérer l’interface numérique avec le citoyen en harmonisant les bases de données avec d’autres administrations ; dans l’ordre public soumis à des menaces de cybersécurité ou d’ingérence de pays étrangers via la propagande sur les réseaux sociaux ; dans le management réticulaire des fonctionnaires pour décloisonner l’action publique (Assens 2015) ; dans les nouveaux outils défiant la souveraineté monétaire comme la blockchain utilisée dans les cryptomonnaies ; dans la ville intelligente pour maîtriser les flux de ressources, d’énergies, de transport à l’échelle d’un territoire en fédérant les parties prenantes ; dans les enjeux de développement soutenable pour concilier l’économique, le social et l’environnemental dans des réseaux de partenariat public-privé ; dans l’agriculture connectée pour assurer la souveraineté alimentaire ; dans le maillage des organismes de santé publique pour éviter les déserts médicaux ; dans l’éducation où le savoir est questionné par les encyclopédies en ligne et par les algorithmes d’intelligence artificielle ; dans les enjeux d’innovation publique visant à faire collaborer plus étroitement l’administration avec le citoyen et/ ou ses propres agents ; sur le plan technique (Barthelemy, 2023) dans les réseaux de transports, dans l’énergie, dans la gestion de l’eau pour assurer efficacement l’aménagement des territoires, et/ou la disponibilité des ressources etc.
Face à ces évolutions, quel est l’état des connaissances dans la recherche en gestion ? Comment se dessine l’avenir du management public dans un monde de réseaux ?
C’est précisément l’ambition de l’Édition 2025 du Symposium international « Le Management public à l’épreuve des Réseaux » que de contribuer à nourrir cette réflexion sur l’impact des réseaux en management public.
Quatre axes d’observation et d’analyse seront privilégiés, dans le prolongement des thématiques étudiées lors des précédentes éditions du symposium :
Thèmes et axes
Les quatre axes de réflexion privilégiés concerneront :
- Les réseaux à l’épreuve des valeurs de l’action publique;
- Les réseaux à l’épreuve des structures organisationnelles prônées par le management public;
- Les réseaux à l’épreuve des cadres formels et des pratiques administratives;
- Les réseaux à l’épreuve des outils et instruments du management public.
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AXE 1 : LES RESEAUX À L’EPREUVE DES VALEURS DE L’ACTION PUBLIQUE
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AXE 2. LES RESEAUX À L’EPREUVE DES STRUCTURES ORGANISATIONNELLES PRONÉES PAR LE MANAGEMENT PUBLIC
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AXE 3. LES RESEAUX À L’EPREUVE DES CADRES FORMELS ET DES PRATIQUES ADMINISTRATIVES
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AXES 4. LES RESEAUX À L’EPREUVE DES OUTILS ET INSTRUMENTS DU MANAGEMENT PUBLIC
Références de l’édition 2025
- Assens C. (2021), Réseaux : les nouvelles règles du jeu, Éditions VA, Versailles.
- Assens C., Bartoli A., Hermel P. (2019), Cooperative competition? The ambivalence of coopetition in territorial authorities, International Review of Administrative Sciences, Vol. 85, n°3, pp. 457-472.
- Assens C. (dir.) (2015), Les réseaux de service public : menace ou opportunité pour l’action publique ? Collection profession cadre service public, Presses de l’École des Hautes Études en Santé Publique, Rennes.
- Assens C., Accard P. (2007), La construction d’un réseau. L’Union Européenne, Gestion et Management Publics, vol. 5, Octobre 2007.
- Assens C., Phanuel D. (2000), La gestion des réseaux de citoyenneté locale, Les cahiers du numérique, Hermès Science Publications, vol.1, n°1, pp. 191-202.
- Barthelemy M. (2023), Le monde des réseaux, Editions Odile Jacob, Paris.
- Bezes P. (2005), Le modèle de l’État-stratège : genèse d’une forme organisationnelle dans l’administration française, Sociologie du travail, 47, n°4, pp. 431-450.
- Blondiaux L. (2008), Le nouvel esprit de la démocratie. Actualité de la démocratie participative. Seuil.
- Burkhard T. (2021), Commission de la défense nationale et des forces armées, Assemblée Nationale, XVe législature, compte rendu n°68.
- Callon M. (1986), Éléments pour une sociologie de la traduction. La domestication des coquilles Saint-Jacques dans la Baie de Saint-Brieuc », L’Année sociologique, n°36, 1986.
- Canivet, G. (2017), Les marchés du droit. Rapport introductif, Revue internationale de droit économique 2017/4 (t. XXXI), pp. 9-33.
- Chauvancy R. (2021), Les nouveaux visages de la guerre, Éditions VA, Versailles.
- Cole, A. et John, P. (1995), « Les réseaux locaux de politique publique en France et en Grande Bretagne », dans Le Galès, P., et Thatcher, M., Les réseaux de politique publique – débat autour des policy networks, L’Harmattan, Paris, pp. 211-227.
- D’Iribarne P. (1989), La logique de l’honneur, Editions du Seuil, Paris.
- Ernotte F. (2021), Droit des réseaux sociaux, Larcier, 276 p.
- Galaskiewicz J. et Wasserman S. (1989), Mimetic processes within an interorganizational field: An empirical test. Administrative Science Quarterly. 34, pp. 454-479.
- Genoud, C. (2004). Libéralisation et régulation des industries de réseau : diversité dans la convergence ? Revue internationale de politique comparée, 11, pp. 187-204.
- Gomez, P.Y. (1997), Informations et conventions : Le cadre du modèle général, Revue Française de Gestion, n° 112, pp. 64-77.
- Granovetter M. (1973), The strength of weak ties, The American Journal of Sociology, 78, pp. 1360-1380.
- Granovetter M. (1985), Economic Action and Social Structure: The Problem of Embeddedness, The American Journal of Sociology, 91-3, pp. 481-510.
- Harbulot C., Laurent L., Moinet N., (2022), Guerre économique : qui est l’ennemi ? Éditions du nouveau monde.
- Kilduff, M. (1992), The friendship network as a decision- making resource: Dispositional moderators of social influences on organizational choice, Journal of Personality and Social Psychology, 62, pp. 168–180.
- E. O. (1966), Prestige and association in an urban community: An analysis of an urban stratification system. New York: Bobbs-Merrill.
- Le Pourhiet A.-M. (2021), Juridiquement correct. Histoire de la mise sous tutelle de la démocratie française, L’Artilleur.
- Mazouz, B., Tardif, M. (2010). À propos de la performance : l’Arlésienne de la sphère publique, dans Proulx, D. (éds), Management des organisations publiques : théorie et applications. Québec : Presses de l’Université du Québec, 2e éd., pp. 31-61.
- Mazouz, B. (2009), Les aspects pratiques des partenariats public-privé, Revue française d’administration publique (RFAP), n. 130, pp. 215-232.
- Moscovici, S. (1996), Psychologie des minorités actives, PUF, 288 p.
- Oh H., Chung M. et Labianca G. (2004), Group social capital and group effectiveness: The role of informal socializing ties. Academy of Management Journal, 47, pp. 860–875.
- Ostrom, E. (1990), Governing the commons: The evolution of institutions for collective action. New York: Cambridge University Press.
- Powell, W.W. (1990). Neither market nor hierarchy: Network forms of organization. In B. M. Staw & L. L. Cummings (Eds.), Research in organizational behavior, 12, pp. 295–336. Greenwich, CT: Annual Reviews.
- RFAP – Revue Française d’Administration Publique (2009), La gestion de partenariats public-privé.
- Rosanvallon P. (2011), Le souci du long terme, dans Aubry M. et al. Pour changer de civilisation, Editions Odile Jacob, pp.343- 351.
- Tsai, W., Ghoshal, S. (1998). Social capital and value creation: The role of intrafirm networks. Academy of Management Journal, 41, pp. 464–476.
- Uzzi, B. 1996. The sources and consequences of embeddedness for the economic performance of organizations: The network effect. American Sociological Review, 61, pp. 674–698.
- Weber M. (1904), L’éthique protestant et l’Esprit du capitalisme (1904-1905), traduction par Jacques Chavy, Éditions Plon, 1964.
Public concerné
La promotion d’une culture d’échange et de débats entre universitaires, praticien-ne-s et consultant-e-s des affaires publiques ainsi que le transfert des connaissances élaborées de manière scientifique vers les organisations du bien commun, de l’intérêt général et du service public sont depuis toujours tout particulièrement visés par les organisatrices et organisateurs du Symposium et de l’ADIMAP.
Par conséquent, les conférencières, conférenciers et panélistes qui seront retenus pour l’Édition 2025 du Symposium s’adresseront à des dirigeant·e·s publics, des haut·e·s fonctionnaires, des gestionnaires et des professionnel·le·s de l’administration publique ainsi que des enseignant·e·s-chercheur·e·s et des doctorant·e·s et post-doctorant·e·s œuvrant dans le cadre de l’ADIMAP à l’élaboration des politiques et/ou au management des affaires publiques à l’échelle des pays d’expression française.
Les frais de participation seront décidés par l’université qui accueille l’Édition 2025 du Symposium et de l’ADIMAP. Aucune prise en charge n’est prévue par les organisatrices et organisateurs.
Découvrez la composition des comités, ainsi que les informations sur l’ADIMAP.
Format des communications
Langue officielle du Symposium : Français
Toutes les informations concernant les processus et dates de soumission de projets de communication figurent dans l’Appel à communications – Symposium-Adimap 2025
Le Formulaire d’évaluation des intentions de communication est également disponible.
Intentions de communications (résumé étendu 1500 mots) au Symposium – date limite de dépôt : 11 septembre 2024
*L’ADIMAP est réservé aux doctorant·e·s et post-doctorant·e·s.
Dépôt des intentions de communication à l’ADIMAP (réservé aux doctorant·e·s et post-doctorant·e·s) – date limite de dépôt : 21 octobre 2024
Les autrices et auteurs sont invités à décrire la problématique, le cadre théorique ou conceptuel, les résultats de recherche ou études de cas qu’elles et ils entendent étayer ultérieurement ainsi que les références sélectives en appui à leur projet de communication.
En ce qui concerne le format, s’il y a lieu la communication finale doit intégrer les suggestions d’amélioration formulées par le comité de sélection à propos de l’intention de communication retenue.
- Avis du Comité scientifique restreint communiqué aux auteurs (Symposium) : 11 octobre 2024
- Avis du Comité de sélection destiné aux doctorant·e·s et post-doctorant·e·s (ADIMAP) : 18 novembre 2024
- Dépôt des communications finales (Symposium et ADIMAP) : 16 décembre 2024
- Pré-programme EDC 2025 (programme préliminaire disponible)
- Constitution des quatre Tables rondes du Symposium : au plus tard, le 10 février 2025
- Publication du programme final du Symposium & ADIMAP : au plus tard, le 2 mars 2025
- Les projets d’article issus des présentations faites au Symposium et à l’ADIMAP seront destinés à la revue Mi et à la revue Télescope SM&P-OE. Les auteur-e-s disposeront d’un délai de 3 mois pour soumettre leurs tapuscrits directement à l’une ou l’autre des deux revues retenues, avec la mention « Tapuscrit issu de l’Édition 2025 du Symposium-ADIMAP». Un courriel à ce sujet sera adressé aux auteur-e-s potentiels après l’évènement.
- Journée de l’ADIMAP : 2 juin 2025
Pour toute question concernant l’Appel de communication ou le dépôt de votre projet, veuillez contacter Christophe ASSENS, Professeur des universités, Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines, Paris-Saclay, France : christophe.assens@uvsq.fr
Pour toute question concernant l’intention de communication à l’ADIMAP, vous pouvez contacter Bachir Mazouz, Président-Fondateur/Symposium et ADIMAP, Professeur titulaire, École nationale d’administration publique : Bachir.mazouz@enap.ca
Véronique CHANUT
Christophe Assens
Professeur des universités
Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines, Paris-Saclay, France
Bachir MAZOUZ
Bachir Mazouz
Président-Fondateur/Symposium et ADIMAP
Professeur titulaire
ENAP – Université du Québec